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« La bicyclette donne à l’esprit l’occasion de réfléchir, activité supprimée dans l’univers du travail journalier. Sans la bicyclette pour libérer de telles pensées, celles-ci pourraient bien passer inaperçues et échapper à l’investigation. »
Aldous HUXLEY
« La plupart de nos maux proviennent de ne plus avoir le cul sur la selle. »
Paul DEWALHENS, « Cymbalum Mundi », 1970
Moyen de locomotion et sport populaires, le vélo a bien évidemment suscité toute une littérature. On n’a pas fait ici de distinction entre cyclisme et récits de voyages à vélo. Pour ces derniers, l’époque la plus riche est curieusement celle des débuts, grosso modo la Belle-Epoque, suivie d’une longue période de latence, avant la redécouverte du vélo comme invitation au voyage à partir des années 1980. Entre 1883 et 2008, Hervé LE CAHAIN a ainsi répertorié quelques 339 ouvrages… (« 1883 – 2008 : 125 ans de récits de voyages et de randonnées à bicyclette », bibliographie établie pour le CRLV.) Les courses cyclistes ont davantage mobilisé les plumes, celles des journalistes, parmi lesquels certains se sont hissés au rang d’écrivains.
La fièvre du deux roues s’empare de l’Hexagone au mois de juillet. Roland Barthes voyait dans le Tour de France « une véritable géographie homérique » dans le choix des paysages à traverser. Autant de manières, pour l’homme, de se confronter à la nature, et pas seulement à ses concurrents… (« Mythologies », 1957) À regarder le duel Merckx – Ocana au début des années 70, on se dit que pour le grimpeur espagnol certainement, la montagne a quelque chose de tragique, que dans la vie, on est quelque part toujours au pied d’un col… L’écrivain niçois Louis Nucéra (1928-2000) est le seul à s’être coltiné ce genre d’épopée cyclique, réalisant un Tour de France, celui de 1949, mais en solitaire, en parcourant le tracé de l’époque. Le sport lui a d’ailleurs coûté la vie, en 2000, fauché à vélo par une voiture… Avant lui, le grand reporter Albert Londres couvrit le Tour, Antoine Blondin fit de même pour L’Express. Dino Buzzati, lui, se fit le chroniqueur du Giro…
On sait que plus d’un écrivain eut une relation passionnée avec le deux-roues, même si l’engin peut ne faire que de discrètes apparitions dans l’œuvre. L’auteur de Poil de Carotte, Jules Renard (1864-1910), remplit ses obligations militaires au chef-lieu du département comme sergent vélocipédiste d’état-major. En 1893, il écrit à Tristan Bernard : « Quand je pense que j’ai passé les plus belles années de ma vie peut-être à jouer de la bicyclette ! » Le père d’Arsène Lupin, Maurice Leblanc (1864-1941), a sillonné toute sa Normandie natale à vélo. Le grand écrivain suisse Charles-Albert Cingria (1883-1954) était un cycliste chevronné, il a écumé toute l’Europe à vélo, pérégrinations qu’il relate dans « Bois sec Bois vert » (1948) L’ex-Talking Head David Byrne, dans son « Journal à bicyclette » (2011), découvre les villes du monde de sa selle et rêve d’une vélorution qui nous libèrerait de l’automobile. Comment ne pas rouler avec lui ?